Bonjour à tous n°04

La Skowiés newsletter

Le voyage des Skowiés (j+58)

Les montagnes du nord de la Thaïlande

Après avoir quitté Bangkok, nous sommes partis en direction du nord-ouest de la Thaïlande dans la région de Mae Sot (le long de la frontière Birmane).

Notre objectif :

  • Partir à la découverte du peuple Karen en rejoignant les Pères « MEP ».

Les MEP « Missions Étrangères de Paris »

En plus de leurs différents secteurs paroissiaux (car les Karens sont majoritairement chrétiens), les Pères Antoine, Camille et Alain disposent de plusieurs centres d’accueils et d’internats, pour permettre aux enfants qui vivent loin de tout dans de petits villages de montagne perdu au fin fond de la jungle, de pouvoir être hébergés à proximité des écoles, collèges ou lycées durant la période scolaire.

Il faut savoir que de nombreux villages de cette région ne sont accessibles que par une piste plus ou moins carrossable, qui se transforme en véritable bourbier lors de la saison des pluies. La mission des Pères MEP consiste à accompagner le bon développement de ses petites communautés.

Les marionnettes au service de la catéchèse

Nous avons eu la grande joie d’intervenir à plusieurs reprises dans les centres ainsi que dans plusieurs villages de montagne et même dans une école publique avec « l’atelier de fabrication de marionnettes en ombres chinoises ».

Cette approche simple et gratifiante a remporté un vif succès. Ces moments de créations ont été une façon toute à fait singulière et ludique d’entrer en contact avec les enfants. Nous nous sommes apprivoisés mutuellement petit à petit. Au début la timidité et la réserve étaient de mises ; mais très rapidement les enfants se sont lâchés, tant dans leur créativité que dans la relation qu’ils ont eu avec nous. Chaque départ a été difficile…

Lorsque les conditions s’y prêtaient, nous invitions les villageois à découvrir des saynètes créées pour l’occasion, en y incluant les œuvres des enfants.

L’expression de cet art a pris un tout autre sens lorsque le père Antoine, et plus tard le père Alain, nous ont permi « d’ordonner » cette technique à certains textes fondamentaux (Genèse, Nativité, L’appel de Simon Pierre et la naissance de l’Église)…

Utiliser l’ombre chinoise comme un support à la parole et en faire une catéchèse m’a fortement rappelé les vitraux de nos églises ; une manière toute simple d’incarner les textes et de les transmettre de manière ludique !

Et à 3 reprises, nous avons mis notre expérience et le matériel disponible sur place, au service de spectacles entièrement réalisés et manipulés par les enfants eux-même. La magie était au rendez vous !

Un développement Écoresponsable

Au cours de nos déplacements, nous avons été les témoins de très belles initiatives, je ne résiste pas à l’envie de vous les partager :

La coopérative des tisserandes de Maewe

La coopérative de « Maewe » est une structure soutenue et développée par "Terres Karens". Elle regroupe les tisserandes du village de Maewe (un petit village isolé dans la jungle) afin de leur permettre de pérenniser l’art du tissage traditionnel et de développer des filières de vente solidaire !

  • L’achat de bobines de fils :

La coopérative d’achat : Du fil à tisser est acheté en grosse quantité dans la vallée et revendu à prix coûtant dans la montagne. Aujourd’hui le magasin du village propose plus d’une centaine de références de fils à tisser !

  • Les boutiques et la distribution :

La coopérative de vente : Grâce à la coopérative, les femmes du village se regroupent pour répondre à de grosses commandes de tissu fait mains. En moyenne 120 pièces qui sont transformées et vendues chaque mois. C’est une très belle idée de cadeaux pour les fêtes !

Toulopra Homestay

  • Une destination touristique authentique !

Contrairement à de nombreuses initiatives commerciales que l’on trouve en Thaïlande, l’idée de proposer un accueil « touristique raisonné » au cœur de la vie d’un village traditionnel est extraordinaire… Chaque membre de la communauté est intégré au projet !

Signe d’une bonne intégration, tout le monde est joyeux, curieux et très accueillant, les habitants vous invitent facilement chez eux. Le peuple karen est vraiment charmant.

Pour avoir eu la chance d’y passer 10 jours (lors de la préparation d’un spectacle avec les jeunes du village) je ne peux que vous recommander cette adresse. Ci-dessous voici quelques images qui me mettent encore la larme à l’œil tant les souvenirs sont vivants !

Clip de présentation du gîte de Maewe

Pour réserver le gîte :

  • Contact : Toulopra Homestay
  • Village de Maewe (Thaïlande)
  • +66 63 182 3942
  • Mail : contact chez toulopra-homestay.org
  • Site : http://toulopra-homestay.org/

Le Pado (Père) Alain

Côtoyer le « Pado » Alain est un véritable plaisir et comme il est là depuis longtemps, nous avons pu contempler les fruits de sa mission.

Extrait de la présentation du site : http://missionkaren-padoalain.org/

"La liberté caractérise le peuple Karen. Ils ont grandi loin du bruit et des technologies qui rassurent. Leur force, c’est leur clan et une prodigieuse connaissance de la nature. Ils y puisent une sagesse ancestrale et un art de vivre qui nous rend admiratif quand eux, le juge souvent dépassé.

Ils sont généralement groupés en villages d’une vingtaine de maisons, c’est à dire autant que les terres alentours aux pentes abruptes pourront en nourrir. Isolés, des pistes relient péniblement les villages aux routes. Alors on ne compte plus les trajets en kilomètres mais en heures de transport. On pourrait les compter en siècles aussi. Au bout de la piste, on vit comme il y a 100 ans !

C’est le paradoxe et la chance de ces villages Karen. Mais ce monde à plusieurs vitesses ne peut pas durer. Il avale les plus faibles et les recrachent sans scrupule dans les faubourgs des grandes villes."

Enfants du Mékong

Nous avons peut-être rencontré votre « filleul »

Connaissez-vous "Enfants du Mékong" ? C’est une ONG qui met en place un parrainage entre la France et l’Asie pour permettre à de nombreux enfants d’aller à l’école plutôt que de travailler dans les champs. Une petite partie du parrainage est également reversée à la famille de l’enfant pour compenser la perte de cette main d’œuvre.

Le parrainage s’affine au cours d’une correspondance régulière. Cela permet à l’enfant de partager son quotidien, ses rêves…

Dans la zone nord de la Thaïlande, il y a 1460 filleuls pour 57 programmes.

Une belle alliance

Enfants du Mékong ne possède pas de « maison d’accueil », mais son investissement auprès des enfants aide financièrement des associations locales ou étrangères qui prennent en charge ce type de logistique.

Grâce au fond d’EDM, les centres "MEP" peuvent se développer dans de bonnes conditions. Le parrainage des enfants étant utilisé pour payer la scolarité, les fournitures scolaires, la nourriture, l’entretien du centre, etc…

Une vidéo de présentation d’Enfants du Mékong

Ps : Pour en savoir plus…

Les menaces qui pèsent sur le peuple "Karen"

L’Exode

Les jeunes adultes (25/30 ans), bien que très attachés à leur tribu, partent généralement travailler un ou deux ans à Bangkok pour gagner l’argent nécessaire à la construction d’une maison en bois dans leur village d’origine, d’autres envisagent sérieusement de le quitter à tout jamais… C’est une première dans la mentalité des tribus du coin…

La Technologie

Les conditions de vie des Karens de la région se sont extrêmement développées ces dix dernières années. L’intrusion de l’électricité, des télévisions, du réseau téléphonique 4G et de la "Wi-Fi gouvernementale" bercent les esprits dans une illusion de plus en plus déconnectée de la réalité, bien loin des traditions ancestrales !

La Déculturation

Les nombreux Thaïs qui viennent "rendre visite" aux alentours de Noël, pour distribuer des tonnes de couvertures, nourriture, etc… n’arrangent rien à la situation puisqu’ils arrivent en bande, sur de gros pick-up avec des appareils photos et des téléphones portables hors de prix. Le complexe du « pauvre montagnard » joue alors fortement sur les jeunes qui commencent à avoir honte de leur culture.

La Tragédie

La région de Tak est une des régions les plus pauvres de Thaïlande alors, quand certains financiers occidentaux sans scrupules leur ont proposé de remplacer la culture vivrière du riz par un "bon investissement" dans le "maïs" afin de produire du "bio carburant" ou de l’alimentation animalière beaucoup de cultivateurs ont succombé à l’appel des chiffres, des sirènes et des "bilans prévisionnels".

Ce qui semblait être un « bon compromis » prend la tournure d’une tragédie !

Certains habitants de villages karens ont contracté des dettes énormes pour acheter la semence "hybride" et le 4x4 pour transporter la récolte. N’étant ni maître de la semence ni du prix de rachat, les cultivateurs se sont vu contraints de produire toujours plus pour tenter de combler leur déficit, mais malgré les tonnes d’engrais achetés pour compenser l’épuisement catastrophique des parcelles (dans lesquelles plus rien ne poussera dans 10 ans) la récolte reste toujours insuffisante pour sortir du cycle infernal…

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, pour tenir le coup certain Karens se sont mis à prendre des Amphétamines afin de repousser leurs limites physiques et booster leur corps.

Un arbre qui tombe fait plus de bruit que toute une forêt qui pousse !

Pour finir cette 4e newsletter, voici quelques photos prises lors de notre visite dans cette région extraordinaire et un diaporama visible uniquement sur le site de la Cie des Skowiés

  • (visualiser sur le site)…
  • en bas de page

A bientôt,

La Skowiés family

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